Aymon Trail 2015

4h50. Oui.. 4h50 pour un 30 bornes. Misère… Ce n’est pas mon temps de course, mais l’heure de mon réveil !
Il faut aller jusque là. Et là, ce sont les Ardennes. Les Ardennes Françaises plus exactement. Cette région que j’admire tant…

Mes covoitureurs sont à peu près autant dans le gaz que moi à l’heure où nous nous rejoignons ; il est 5h45. Presque 2h de route nous attendent…

A 7h45, les Belges (enfin les résidents Belges, je reste Français pour ma part, faut pas pousser !) débarquent à Bogny-sur-Meuse, ville de départ de l’Aymon Trail, premier du nom. Auparavant, il s’appelait « Baraq XL », maintenant c’est « Aymon Trail ». Le second sonne mieux que le premier, clairement. Je n’imaginais dans le premier cas qu’une baraque à frites, rien d’autre. lol
Origine du nom de ce trail, pour les passionés d’histoire.

Le départ groupé est donné à 08h45. C’est une bonne idée, ça permet de s’échauffer (chose que je ne fais pour ainsi dire jamais), constater ou non que tout est bien réglé et ajusté au niveau des baskets, du sac, etc.
A 09h00, nous voici sur la platelle des 4fils Aymon, c’est d’ici que le départ réel sera donné, un épais brouillard nous entoure déjà.
Une dizaine de minutes plus tard, un coup de pétard retentit ; je m’inquiétais déjà depuis plusieurs minutes en voyant les quelques rubalises ou drapeaux oranges parsemés sur le petit sentier à 50m de nous, sinueux et très peu propice à un départ en ligne. Il était pourtant peu probable que nous passions directement ici mais, dans le doute, je m’échappe très rapidement en souhaitant à mes compagnons une belle course.

Bien entendu, nous ne passerons pas par là, tout du moins pas maintenant.

N’empêche, le chemin large du début nous amène sur un escalier ultra glissant, et étroit.
Quelques rues, puis de nouveau un chemin étroit, … grrr… ça m’agace, et ça agace tout le monde. Etre à l’arrêt au bout de 5min, c’est énervant.

Jusqu’au retour sur la platelle ainsi que le fameux chemin repéré au départ, et la longue montée derrière, on n’avance pas, on piétine, on râle, on se fait dépasser par les plus énervés qui sont encore plus impatients que nous-mêmes…

Voilà, le seul (je répète SEUL) point négatif de la course vient d’être décrit. Passons au plus intéressant.

A vrai dire, quelques kilomètres plus loin, alors que nous en sommes à 30min de course… et seulement 4.4kms de parcourus, je me dis que ces premiers kilomètres pénibles auront peut-être contribué à ne pas me laisser embarquer dans un rythme trop rapide dès le départ.. On verra!

Peu de temps avant le 8ème km, nous apercevons 2-3 gars paumés plus bas dans la descente – une de ces nombreuses pentes qu’il est inutile d’espérer dévaler ; elles sont toutes plus techniques/glissantes/acrobatiques les unes que les autres -.
L’avantage d’avoir des gens qui se trompent devant toi te permet de redoubler d’attention sur le balisage. Et, effectivement, une erreur d’inattention à l’endroit où nous nous trouvions et on faisait comme eux.

Une fois tout le monde remis sur le droit chemin, il faut remonter.. Et quand on parle de monter ici, on ne rigole pas : 700m, 130D+ c’est du costaud !
Des gars apparaissent au-dessus de nous sur la gauche, encore des gens qui se sont perdus exactement au même endroit que celui que je décrivais plus tôt. S’ils décident de couper là, il va se passer 2 choses ; ils auront gagné plusieurs centaines de mètres, et ils se seront attirés mes foudres car bien entendu, je ne vais pas me gêner de leur faire comprendre qu’ils doivent faire demi-tour.
Haut les coeurs, un gars de l’organisation apparait subitement face à moi et leur explique clairement ce que j’aurais sûrement fait de manière moins diplomatique. Voilà, et j’ai supposé que le balisage allait être remis en ordre juste après.

Dans cette montée, je passe l’heure de course, 8.7kms accomplis. Pas exceptionnel…….
La progression dans la montée est lente, la récupération en haut n’excédera pas 1km, il faut redescendre ! 500m et 140D-
Pas une de ces descentes où tu peux te lâcher, c’est super hard et celui qui n’a pas les cuisses ici pour amortir et se freiner, s’explose littéralement.

Juste avant le 11ème km, c’est de nouveau un mur qui nous fait face, ensuite, il faudra s’armer de patience jusqu’au ravitaillement du 16ème km où nous serons relativement épargnés en parcourant de superbes forêts.
Je remarque – et m’étonne à la fois – que je suis relativement bien car je remonte et dépasse bon nombre de personnes sur du « roulant » qui n’est pas vraiment mon terrain de prédilection.

16ème km, ils sont tous là, les relayeurs, alignés en rang d’oignons, et dans l’attente de leur collègue pour en découdre à leur tour.
Le ravitaillement donc, on y est ! Je ne sais pas ce qui me prend, je n’y prête strictement aucune attention. Oula, je suis vraiment dans un bon jour !..
Et là, gros moment de doute, d’inquiétude car la personne qui vient de redémarrer du ravito n’est autre que Vincent Tassiaux, ce même Vincent qui est un peu une référence dans la région (finisher UTMB, vainqueur Grand Trail des Lacs et Châteaux, plusieurs fois Top 20 sur la Bouillonnante, 5ème sur l’Ardennes MégaTrail, bref un costaud toujours (largement) devant moi. ).

Deux explications plausibles ; il n’a plus d’entraînement ou alors je suis véritablement bien préparé. Sans doute un mélange des 2 car je le suis aisément pendant 2.5kms avant de le doubler dans une montée ce que je n’osais pas à me résoudre à faire, après qu’il m’ait dit de le passer.
Soit c’est du suicide quand on connait le gars, son expérience et sa gestion de course, soit je suis définitivement mieux que lui aujourd’hui et alors je dois y aller.
Je ne veux d’ailleurs pas lui dire un seul mot, car j’ai la sensation qu’il va me rattraper plus tard, et alors j’aurais bien l’air malin…

17ème km, montée de Levrezy. C’est Strava qui m’apprend que je suis là..
Plus loin, entre les 22 et 24ème kms, montée de Tournavaux.
Strava, pour les dingues de stats (Cédric, si tu me lis ^^)…
 

Avant cela nous serons passés à Tournavaux, 20ème km et sa barrière horaire fixée à 4h de course. Ca va, je suis large, 2h24 de course au compteur.

Au 25ème km, alors que nous venons de quitter un chemin relativement roulant, nous prenons en épingle sur la gauche un chemin large et montant. J’entame la montée plus ou moins sereinement, la fraîcheur commençant sérieusement à faire défaut, et j’aperçois revenir sur moi un gars, que je crois être Vincent.. en courant ! Dans la montée !!!!!! Alors que je peine à mettre un pied devant l’autre…… WTF ?!!??
Le gars qui s’est tout de même mis à marcher me dépose littéralement en haut de la côte, je lui dis texto « et ben, bravo !! ». il me rétorque immédiatement « ouais mais bon, t’inquiètes pas, je fais le relais »………………….(soupir de soulagement / ouf de joie / contentement malsain)……. « ah ok… » auquel j’ajoute tout de même derrière « bravo quand même !! »
Au moment de la remise des prix des relais, je reconnaîtrai sur la 3ème marche le fameux gars 🙂

 


Les kilomètres s’égrènent sur la montre, je commence à me chopper des crampes de partout…
Au beau milieu de la forêt il y a 4 personnes qui nous encouragent et annoncent « 2.5kms avant l’arrivée et très roulant jusqu’au bout ». Cool, je ne vois plus personne derrière.. « Merci, merci »
C’est justement à ce moment-là qu’on aimerait bien envoyer pour terminer rapido.. Sauf qu’on tire un peu tout droit en hors-piste et que les rubalises sont vraiment très peu distinctes.. Enfin, on s’en sort quand même..

Je reconnais le gymnase du départ, j’ai clairement la sensation d’avoir fait une belle course étant donné qu’à partir du moment où tu as très peu de concurrents autour de toi, tu sais d’office que tu n’es pas dans les derniers quoi ^^

Le contournement du gymnase est un supplice, je me demande si je ne vais pas m’écrouler car une crampe monstrueuse dans la cuisse gauche menace à tout moment de me mettre à terre… Arghhh je mords sur ma chique.

Ligne d’arrivée. 3h25’48. Aucune idée du classement.
C’est en m’approchant de la table des « litiges » que j’apprends que je suis…… 20ème ! 266 classés. Une très très grosse satisfaction. Premier en 2h57… Le seul à courir à plus de 10km/h (!!)

Je prends ma douche, et accueille Ann pour sa superbe seconde place féminine et le 64ème chrono de la journée…
Bravo tout particulier à Manu qui termine alors que son genou n’est pas au mieux… Et sur un parcours comme celui-ci, il a dû sacrément être malmené le genou.

 

Stany Minckwitz : 3h25’48 (20)
Vincent Tassiaux : 3h29’08 (23)
Xavier Chiementin : 4h03’25 (63)
Ann Saffre : 4h03’34 (64) – 2ème Féminine
Pascal Fourez : 4h08’08 (73)
Jean-François Noullez : 4h27’40 (115)
Emmanuel Desplanque : 4h36’02 (142)
Dominique Saen : 4h43’52 (159)
Martial Grislin : 5h02’17 (189)
Philippe Bourla : 5h06’40 (197)
Julie Cornu : 5h30’59 (229)
Olivier Picron : 5h31″02 (230)
 

Mes premiers mots après la course auront été : « magnifique, sans doute le plus beau trail jamais couru »
Un pur trail, intense et dur, parsemé de single tracks à n’en plus finir, dans des conditions idéales.. Un gros bravo pour l’organisation car honnêtement, rien à redire (juste peut-être le départ à améliorer). Très envie d’y revenir l’an prochain !

Le lendemain, « décrassage » de 17.5kms sans dossard sur le parcours du Trail des Jonquilles… Pas la même classe, définitivement !

 

Merci @ Stéphane Leroy pour les photos.

3 réponses à “Aymon Trail 2015”

  1. Un superbe récit comme d’hab mais surtout une superbe course! Bravo à toi, très très belle perf’ … Fière de son homme <3

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