Ardennes Mini-Trail

Assez difficile d’entamer l’écriture d’un récit dont on connaît à l’avance l’issue malheureuse de celui-ci mais il faut tout de même y passer. La course à pied n’est pas faite que de victoires, il faut aussi savoir abandonner et surtout, apprendre de ses erreurs pour ne pas les reproduire.

Ardennes Méga-Trail sans doute trop méga pour moi en 2012… Le méga s’est donc transformé en « mini ».
Un mini-trail de 44.5kms et 2080m de D+ tout de même mais l’objectif est loin, très loin d’être atteint. La moitié a été accomplie seulement..

Vendredi 30 juin, je rejoins l’ami Cédric et nous voilà partis, au son de Max Cooper, sur les routes.
Les Hautes-Rivières nous accueille vers 20h. Dire que le départ de la course est dans 9h et qu’il reste tout à faire ! Récupérer le dossard, dîner, planter cette foutue « tente 20minutes », petit-déjeuner 2h avant le départ.. Bref, il reste pas des masses de créneaux pour dormir.

En compagnie d’un nombre incalculable de bestioles qui tourbillonnent autour de moi, je me lance dans le montage de cette tente d’un autre âge, comparativement à toutes celles – des Quecha 2″ pour la plupart – qui nous entourent. 20 minutes plus tard donc, et alors que Cédric a déjà balancé au sol sa tente et que le problème est donc réglé, je plante ma dernière sardine. La tente ne ressemble pas à grand-chose mais je n’y passe qu’une (très courte) nuit alors, ça fera bien l’affaire.

Les dossards maintenant.
Je rencontre Stéphane Laidié, co-organisateur de l’événement, avec qui j’avais bien sympathisé lors du week-end reco où nous étions venus, mon père et moi, en 2011. Toujours aussi sympa et aussi accueillant, d’autant qu’il me glisse à l’oreille qu’il m’a attribué une puce GPS (!) Je suis super content de ce (nouveau) cadeau. Nouveau car, pour la petite histoire, il faut savoir qu’en 2011 déjà, je devais participer à la course, ce que je n’ai finalement pas pu faire pour cause de naissance de notre petit gars 4 jours avant l’épreuve. L’organisation m’a très gentillement offert l’inscription à la course en 2012 (+ la pasta party + le repas d’après-course). Je ne sais pas si cela se fait couramment dans le monde du trail, je ne pense pas, mais dans tous les cas, j’ai forcément énormément apprécié ce geste. Merci encore Stéphane, si tu me lis, de toutes ces attentions. Crois bien que moi, ainsi que ma descendance, viendront, et reviendront à l’AMT !

Pasta-party.. Nous sommes dans les derniers, il est déjà plus de 21h30.
J’avale rapidement mon assiette de spaghettis, Cédric ses boules de soja et direction le dodo. Mieux vaut ne plus trop s’attarder, mon réveil est programmé à 3h30.

La nuit en tente n’est définitivement pas mon dada, je dors mal malgré mon matelas gonflable. Je me réveille 20 fois et suis obligé de m’extirper à 2 reprises de mon sac de couchage pour aller satisfaire des envies pressantes… Puis au final, à 2h, je (nous ?!) me fais réveiller par des gugus qui n’ont rien trouvé de mieux à faire que de mettre leur réveil à cette heure-là, sans compter qu’ils se sont mis à brailler et à rigoler. Certainement que dans d’autres circonstances je me serais levé pour aller leur dire ce que je pense mais là j’ai préféré réajuster mes boules quiès pour tenter de gagner quelques précieuses minutes de sommeil.

3h. J’entends le réveil de la tente de mon voisin Cédric. lol
Inutile d’essayer de me rendormir, allez hop, je me sers un copieux bol de céréales, un peu de lait, et je termine par mon jus de pommes.
Passage en revue du paquetage : une poche à eau d’1.5L dans le dos, une gourde de 700ml remplie de jus de pommes à l’avant. J’ai également répartis un peu partout dans les nombreuses poches du sac : des pom’pot, des croquants sucrés (mélange de noix-miel.. hyper calorique), des pâtes de fruits. Pour le salé, des mini-babybel et du sauciflard.
Et concernant le reste, couverture de survie, bande élasto, frontale.. Bref, les trucs classiques.
Je pense que tout est ok.

5h, c’est le départ. Je crois partir tranquillement, avec Cédric.
Je n’ai pas mis la frontale, pensant que cela allait être inutile à cette heure-là.. Ben en fait si, ça aurait pu être utile, je ne vois rien du tout ^^. Je m’aide néanmoins des lumières des autres concurrents.
Nous repassons 1km plus loin sur la ligne de départ. Cette petite boucle servait sans doute à étirer le peloton de presque 700 personnes au départ, d’autant que les 2 courses (il y a un 50 et un 88) démarrent en même temps.
Les petits sentiers sont très rapidement atteints, et ça commence déjà à bouchonner. Enfin pas plus que ça à vrai dire donc no stress.

Je suis vraiment dans le gaz, je le dis même à un moment à Cédric « j’ai l’impression que je suis endormi ».. Signe avant-coureur ?
Et puis avec le jour qui se lève, ça va mieux. Le temps brumeux nous empêche hélas d’admirer le paysage, c’est dommage.

Au 12ème, nous descendons sur Braux, lieu où nous pensions trouver le premier ravitaillement. En fait non, c’est plus loin. Ca ne m’inquiète pas plus que ça car en bon chameau que je suis, je bois toujours aussi peu et puisqu’il n’y a rien d’autre que de l’eau plate sur les ravitos, je peux tenir encore un bon moment avec ma réserve embarquée. Mais, tout de même, atteindre un ravitaillement fait toujours du bien psychologiquement, car c’est l’occasion de se poser un peu et de discuter avec des bénévoles qui auront été, soit-dit en passant, tous plus sympathiques les uns que les autres.

Bref, ce ravitaillement se fait un peu attendre. Je vois Cédric qui s’éloigne dans une montée, je ne cherche pas à le suivre. Puis c’est une descente qui arrive juste derrière cette montée. C’est d’ailleurs tout là l’intérêt et la difficulté du parcours ; une succession de montées/descentes dont on ne voit jamais la fin !
Dans la descente donc, je rattrape Cédric lui-même bloqué par d’autres personnes devant lui. Il se retourne vers moi, me dit qu’il.. »AAHHHH mais c’est quoi ce bin’s ???! ».. Il n’a pas fini de me dire qu’il est tombé que j’avais déjà compris en voyant son état. Sa jambe est recouverte de sang, son bras également, et il a aussi des traces sur la visage. Sans oublier ses lunettes de vue dont une branche est tordue. Euh, attends Cédric, on va s’arrêter 2 secondes là pour regarder ça d’un peu plus près. Oui car comme chacun sait, je suis diplômé de médecine ^^
Bon, il semble être ouvert au genou, sinon beaucoup d’égratignures.
Ca ne sert à rien de rester ici, surtout que le ravito est juste en bas. On s’empresse donc d’y aller après que les personnes nous ayant rejoint aient toutes demandé à Cédric comment il allait.

En arrivant au ravitaillement, je ne pensais qu’à une chose « pourvu que sa maman ne soit pas là ».. Bien entendu, elle était là !
Je ne l’ai pas quittée des yeux ; j’ai vu sur elle la transformation s’opérer. Depuis le sourire derrière son appareil photo à la mine déconfite et la sensation d’horreur. On ne peut pas le nier, Cédric a fait une entrée fracassante au ravitaillement de Haumé !!
Branle-bas de combat au niveau des bénévoles qui s’affairent déjà tous à nettoyer comme ils peuvent le grand blessé à qui ils proposent même de rappeler les pompiers qui viennent juste de partir semble-t-il.

Plus de peur que de mal, tout va bien, juste des égratignures. Nous repartons de plus belle après cet arrêt sans doute plus long que ce qu’on aurait fait s’il ne s’était rien passé. Mais c’était une belle anecdote à raconter !
On remonte dans la forêt, on en redescend pour rallier Tournavaux que nous traversons avant de grimper de l’autre côté de la forêt. Montée, descente, montée, descente.

Bogny-sur-Meuse, 2ème ravito – 3h30 de course, 26kms parcourus.
Je me rends compte que je n’ai vraiment pas beaucoup bu depuis le départ de la course (d’autant que je n’avais pas rempli au 1er ravito). Cette fois, je fais le plein et je mange quelques trucs, sans doute pas assez tiens.. La sortie du ravito est très originale ; nous traversons une usine dans laquelle plusieurs ouvriers travaillent dans une chaleur accablante. Chacun se souhaite « bon courage » 🙂

Après ce ravitaillement, je vois pour la seconde et dernière fois de la journée Guillaume qui m’encourage et avec qui j’échange quelques mots. Puis juste après, nous nous engouffrons dans un tunnel où on ne voit rien encore une fois, je marche car ça m’ennuie de sortir ma frontale. D’ailleurs mes prédécesseurs font de même. Au bout du tunnel, beurk, de la boue ou je ne sais quoi très répugnant est le passage obligé pour continuer la route. Pas top, franchement. Autant de passer dans le tunnel, c’était sympa, autant enfoncer nos pieds jusqu’à la cheville dans une espèce de mélasse infâme me ravit déjà beaucoup moins..

Montée, descente.. Et les premiers signes très alarmants d’un défaut de programmation dans le bonhomme. Le bonhomme ne va pas bien du tout. Il lève le pied, mange, boit. Mais il sent bien qu’il y a un truc qui cloche.
Je me dis que c’est passager, que je vais reprendre du poil de la bête plus loin. bof-bof.. On se rejoint une nouvelle fois avec mon binôme de début de parcours à qui j’avoue que ça ne va vraiment pas fort. Bon.. On verra bien.

Dans Monthermé j’ai l’impression que ça va mieux mais finalement dans la montée qui suit, je suis out. Je regarde Cédric s’éloigner alors que je suis à fond, je ne pourrais pas aller plus vite.

Au 37ème km, Cédric m’a attendu, mais me laisse de nouveau sur place dans une montée qui me semble terrible, bien que le pire ne soit pas encore là. Et puis cette satanée montée avec ces moucherons en permanence sur et autour de toi.. J’ai crû devenir fou !

Petite commune, 3ème ravitaillement. Je dégage mon sac, mes bâtons, m’allonge par terre. Ok, je vais prendre une vraie grande pause ici. Cédric me demande si ça ne me dérange pas de repartir ^^ Bien évidemment que non ; c’était la dernière fois que je le voyais..

Après 10 petites minutes passées ici, je me décide à renfiler tout mon barda et à affronter la TERRIBLE côte de Madagascar. Moi, comme je ne la connais pas, j’y vais sans savoir à quoi m’attendre.
Ah ouais, ok, je comprends mieux. Entre la côte de Madagascar et un mur, il n’y a que peu de différences.. Incroyable ce truc.
Bien sûr, je m’arrête au moins 20 fois dans cette montée.. inmontable !
En haut, je m’asseois de nouveau, ça ne va pas fort du tout.
Je repars, pour mieux m’arrêter 500m plus loin, contre un arbre, en m’endormant à moitié. Ok.. C’est plus la peine d’insister. Je n’irai jamais au bout, surtout quand on sait qu’il reste 50 bornes !

Allez hop on arrête le massacre ; descente surper hard sur Laifour, avec l’aide de cordes, je traverse le pont, et rejoins le centre du village. J’y trouve des bénévoles, j’appelle l’organisation pour annoncer mon abandon. Ils m’envoient une navette 30min plus tard. Un autre gars s’est arrêté au même endroit, il abandonne aussi.
Retour agité sur Les hautes-Rivières, j’ai crû vomir à chaque virage.

En conclusion : je reviendrai bien sûr. Et pas que parce que je suis très déçu de cet échec. Aussi, pour l’organisation extra de la course, la gentillesse des bénévoles et des organisateurs, et la beauté des paysages de cette région qui m’attire toujours autant..

6 réponses à “Ardennes Mini-Trail”

  1. Bravo fiston pour ce long et beau récit, comme d’habitude. Tu es déçu et je te comprends, forcément on a toujours du mal à accepter un échec, surtout quand on est persuadé avoir bien préparé l’épreuve que l’on va affronter. C’est signe que tu n’as sans doute pas bien tout maîtrisé.
    Heureusement que je n’étais pas là, comme la Maman de ton copain, j’aurais encore stressé, sûrement.
    Alors, comme tu dis, « on ne gagne pas à tous les coups » et tu as su t’arrêter pour ne pas « abîmer » ton corps encore plus. Les échecs font aussi partie des réussites.
    Remets-toi bien vite et sois en pleine forme pour ta prochaine grande épreuve.
    Et là, tu auras tout ton fan club, de Vanessa à Eytan, en passant par tes parents.
    Bisous fiston et félicitations pour tout ce que tu entreprends.

  2. Un récit riche en anecdotes mais surtout un récit qui montre que tu n’es pas une machine (rassurant)!
    Heureuse que tu t’assagisses de course en course. Le bon côté de la chose, c’est que ça t’arrive avant la TDS, histoire de trouver d’où vient le problème et comme tu dis, d’apprendre pour ne pas refaire les mêmes erreurs.

    Tendres bisous 😡

    PS: Merci pour Max Cooper, je suis définitivement fan, je ne connaissais pas ^^
    PS2: Cédric est encore pas mal amoché en effet, j’ai pu le constater cet aprem °_°

  3. Ahah : « pourvu que sa maman ne soit pas là « … C’est exactement ça que j’espérais aussi! Pour quelques égratignures au final. Much ado about almost nothing.

    Sinon, je ne savais pas que je t’avais réveillé sans le vouloir. Sorry :/

    Dommage que ce chouette récit ne soit pas plus long. Il le sera fin août, c’est certain!

  4. un mot , FELICITATIONS ! finisher de la tds avec une météo pourrie , un taux d’abandons énormes. Il fallait en avoir et t’en as eu avec une belle place en prime !
    La ccc , c’est fait, la tds , aussi … qu’est ce qu’il manque maintenant ! l’utmb 2013 …
    Bon repos guerrier … il est mérité.

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