Trail de Serre-Ponçon

Espinasses, 17 Septembre 2022, il est 7h20. Nous venons d’être déposés avec le bus pour un départ dans ce petit village tout proche du Lac de Serre-Ponçon. Lac que nous allons admirer tout au long de cette journée puisqu’il est prévu que nous en fassions, non pas le tour complet, mais une bonne partie quand même étant donné que 74km sont prévus au programme. Et on ne va pas se contenter de rester au niveau de la mer… 5000m de dénivelé positif nous attendent.

Dans cette salle communale qui nous reçoit, nous comprenons que c’est également une base de vie pour les fous qui se sont élancés hier à 10h du matin. Pour eux, c’est le tour complet du lac auquel ils se sont inscrits. Et autant vous dire qu’à ce moment-là, pour les concurrents qui se trouvent ici, le finish risque d’être compromis. En effet, à 7h30, pour ceux qui ne seront pas ressortis de cette base de vie, ce sera terminé, c’est la barrière horaire. Les malheureux ont déjà 90 bornes dans les pattes et on risque de les condamner à rentrer en bus.
1 femme, puis 2 hommes repartent néanmoins.
C’est de cette même porte par laquelle ils s’échappent que quelques minutes plus tard 2 concurrents la franchissent, dans l’autre sens, accompagnés de 2 pompiers. L’aventure s’arrêtera là pour eux…

Notre départ est donné à 8h, j’ai à peine le temps de souhaiter bonne course à Adeline, Sandra et Bruno qui sont arrivés à la dernière minute.
Pour ma part, je rejoins Christophe, la personne qui m’a proposé et convaincu en début d’année de le suivre sur cette course. Qui s’avérera être un très bon choix !

Le départ dans les rues du petit village, sous un soleil radieux, avec en toile de fond le lac, est extra.
Le but du jeu aujourd’hui sera de terminer cette course à 2. Je n’ai aucun autre objectif que de calmer les ardeurs de mon partenaire de course qui n’a plus fait de long depuis quelques années et qui souhaitait que je l’accompagne. Une belle journée en montagne, en somme…

 

La montée vers le Mont Colombis se passe sans encombres, elle est même « facile ». La fraîcheur et la forme sont là, on n’en attendait pas moins.
Je fais remarquer à Christophe qu’il devrait éviter les petites relances en courant dans cette montée, « le chemin est encore long »… Moi aussi, j’ai envie, mais ce n’est pas raisonnable à ce moment de la course quand on sait tout ce qu’on doit encore affronter.
On double les 3 personnes qui étaient reparties plus tôt de la salle d’Espinasses, ils marchent très lentement.
Les antennes là-haut gâchent le décor, mais il suffit de tourner la tête vers la droite pour contempler ce si beau lac malgré un niveau historiquement bas, qui ne se remarque évidemment pas de si loin…

 

L’altitude de 1700m est atteinte. 1h22 de course. Les prévisions horaires sont respectées. On a planifié faire la course entre 13 et 15h

 

Après ces quelques 7 km de montée, il y en a 12 à descendre vers la base de vie de Chorges.
Hein, quoi, déjà une base de vie ? Oui, pour nous, ça ne se justifie pas, mais pour les dingues du « grand tour » (i.e. 164km !), c’est tout justifié ^^
La descente est vraiment sympa, surtout la seconde partie.
Je suis plutôt bon descendeur, Christophe l’est encore plus que moi mais il est raisonnable, et c’est très bien comme ça. 🙂

 

Chorges, 19km, la descente s’est effectuée à 10km/h et c’est Ann que je cherche partout du regard qui capte finalement mon attention à l’entrée du ravitaillement. Elle nous ordonne de nous asseoir, nous n’allons pas la contrarier surtout qu’elle nous propose de faire notre « assistance ». Habituellement, on réserve cela aux pros. Nous autres, les amateurs, on est bons qu’à aller quémander notre orange ou notre verre de coca auprès des préposés au service des coureurs. Mais il faut admettre que de se poser, passer commande, et attendre que la serveuse revienne est un sacré plus. Service 5* donc.
Il se passe 14 minutes avant qu’on ne reparte de là, Ann s’en est allée à la rencontre de ses amis, sans attendre qu’on lui verse son pourboire. ahah

L’asphalte nous emmène au-delà du village de Chorges, les chemins se présentent à nous, et nous ressortons alors les bâtons pour cette nouvelle ascension probablement aisée au vu du profil altimétrique que nous consultons régulièrement sur nos dossards.

 

Km30, le pourcentage de la pente qui s’annonce est bien différent des 2 premières ascensions. Ca ne plaisante plus, ici !
Altitude 1628m. 4,7km plus loin nous atteindrons 2391m. Si la première partie boisée, puis la longue crête ont été passées sans encombre, le mur final qui nous amène au Piolit, avant le Col de Chorges, est lui, plus compliqué. Autour de moi, ça commence à couiner. Christophe est un peu en retrait, je m’en inquiète mais ne l’attends finalement pas plus de 5 minutes au sommet. Sommet offrant un panorama grandiose à 360°

 

La descente vers le 37ème km, lieu stratégique pour les esprits et les corps car situé exactement à mi-parcours nous donne ici l’occasion de nous ravitailler correctement.
Et plus encore qu’espéré, car nous ne devions avoir que de l’eau mais il y a également du solide.
7h de course, Christophe réclame auprès d’un pompier quelque chose contre les vertiges/nausées dont il a été victime dans la dernière ascension. Ici, je remplis intégralement ma poche à eau.
Quelques minutes encore ici à profiter des bénévoles et du ravitaillement avant de s’en aller chercher une « rasade de génépi » au Col de la Coupa.

 

2 gars plantés là-haut nous tendent un godet de génépi, excellent ! Ce n’était pas une blague ! Christophe passe son tour pour le génépi, vu les petits soucis précédemment rencontrés !
Grosse descente vers la seconde base de vie, à Reallon.
On ne traîne pas, la descente se fait à bon train. Beaucoup de cailloux au départ, nous sommes prudents, puis dans la seconde moitié, le chemin s’élargit et nous pouvons lâcher les chevaux.

 

Dans le village, une grande tente sur la droite, c’est là !.. Ah ben non, c’est pas là ^^ Ici, on a le championnat du monde (au moins) de pétanque donc mis à part des saucisses ou du Ricard qu’on va devoir payer, on n’y trouvera pas grand-chose d’autre.
La vrai ravito est 1km plus loin.

 

Et il est fourni. La femme qui me présente le menu me propose tout ce dont je n’ai pas envie, c’est-à-dire de la viande… Mais je trouve néanmoins mon bonheur avec du gratin Dauphinois, excellent au demeurant. Il est 16h20, c’est l’heure du goûter, et je me régale avec des patates ^^
17 minutes se sont écoulées ici, on est pourtant bien, mais il faut repartir. Et c’est toujours bien difficile de se remettre en marche. 46km au compteur.

 

Quelques problèmes d’orientation à la sortie du ravito par manque de balisage puis nous parvenons au pied du solide et imposant Mont Guillaume, annonciateur d’une énorme montée de 8km suivie d’une tout aussi incroyable descente, de 13km.

L’ascension du Mont Guillaume en fin de journée est très facile au début puisque sur une large piste assez peu pentue et au cours de laquelle un gars du 164 rattrapé nous accompagne quelques temps.
Puis, lorsque l’inclinaison se fait plus forte, j’abandonne Christophe pour me retrouver dans ma bulle mais surtout espère secrètement parvenir en haut avant le coucher du soleil, ce qui justifie quelque peu ma chevauchée solitaire.

Une petite cascade, puis une seconde grande cascade sont dépassées. La forêt est laissée derrière nous, nous arrivons sur un plateau au milieu duquel trône une tente. Je vois au loin ce qui nous attend, et ça risque d’être sacrément corsé. Les concurrents que j’aperçois dans cette montée sont au pas, ça monte très fort !
Il fait ici assez froid, je n’attends pas plus longtemps pour enfiler ma veste. Puis quelques mètres plus loin, le froid est vraiment piquant, j’enfile alors l’intégrale, gants, bonnet et buff.
Je me retourne à plusieurs reprises et vois que Christophe n’est pas si loin, ça me rassure. Je reste néanmoins focus sur l’objectif du coucher de soleil et ne l’attends pas.

 

C’est à l’issue d’une montée qu’on qualifiera de pénible, et alors même que je ne suis pas tout à fait en haut que je m’arrête. C’est littéralement à couper le souffle ; j’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau. Pari gagné, le soleil se couche sur les montagnes en face de moi, le lac est en contrebas, une carte postale de rêve. Je m’attarde longuement à cet endroit, profite du point de vue et canarde à tout va. Magique.
Magique.. Mais froid surtout que maintenant, le soleil est caché. Un nouvel arrêt plus loin sera l’occasion de mettre la frontale que j’allumerai rapidement ensuite.

Au pointage du Mont Guillaume, j’ai gagné 22 places par rapport au dernier effectué à la base de vie de Reallon. Mais au-delà de ça, ce qui est cool, c’est que je suis encore relativement frais, mais moins que la température extérieure, ressenti négatif.
Je ne peux donc pas me résoudre à attendre là Christophe.
Il y a un point d’eau à 3km puis encore 10km avant l’arrivée, ce que me confirment les bénévoles emmitouflés dans plusieurs couches de vêtements.
Je décide donc de filer jusqu’au point d’eau pour attendre mon compagnon d’aventure.

3km de descente cahotiques avec une multitude de cailloux où je perds à 2 reprises un bâton et tombe de tout mon long.

 

Le point d’eau est perdu dans les bois, à côté d’une chapelle. On me demande immédiatement, et de manière assez brutale mon numéro de dossard, je suis un peu surpris de cette pseudo agressivité mais bon.
Je remplis de nouveau ma poche à eau avec 1L de flotte histoire d’assurer le coup même s’il ne reste que 10km de descente.
Et je me pose sur une pierre, je vois défiler plusieurs concurrents à qui on demande toujours aussi maladroitement leur numéro de dossard. Et, enfin, je comprends la finalité de la chose. En fait, au point de contrôle précédent, au Mont Guillaume donc, un concurrent (le 2021, je m’en souviens encore lol) a fait un malaise. Ils l’ont laissé repartir et avaient averti les bénévoles – devenus un peu rustres – de ce point d’eau, de contrôler que le gars étaient bien arrivé jusqu’à eux, ainsi que l’état dans lequel il se trouvait. Le type s’était bien remis, tout roulait.

Christophe arrive, il se ravitaille, il n’espérait plus me voir. « Ben si, on a dit qu’on faisait la course ensemble ! » OK, c’est vrai je me suis barré dans la montée et je n’ai pas attendu en haut par peur d’avoir trop froid (je constate après coup qu’il est passé 15’ après moi au Mont Guillaume, j’ai donc bien fait je crois de tracer).

 

Nous effectuons les 10 derniers km de cette magnifique course ensemble, je râle sur la fin qu’ils nous aient fait prendre une descente que j’ai supposé être une descente VTT car vraiment casse-gueule, et encore, il faisait sec.
Et puis c’est le Plan d’eau, où nous étions venus faire un footing le jour précédent, et enfin l’arrivée.
Il n’y a plus guère de monde à cette heure avancée de la journée, il est 22h15..
Temps de course : 14h16. Le classement est anecdotique mais tout de même, nous sommes 92 et 93ème sur 184 finishers. Sûrement pas mal d’abandons pour ce parcours avec un ratio distance/dénivelé important (après vérification, 28 abandons)

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