Il est 5h50 ce samedi 30 novembre 2024.
Je m’approche timidement de l’aire de départ. Petite aire de départ, car peu de concurrents : 115. Certains, comme moi, ne courent que cette distance aujourd’hui, d’autres ont déjà couru 10km nocturne hier soir puis refont 10km demain matin, c’est le concept de la course, sur 3 jours. Mais on peut ne choisir que la distance du samedi.
Je n’avais pas anticipé que les sacs étaient contrôlés ce qui fait que je me retrouve exactement dans le sas de départ, après le contrôle du matériel obligatoire, dans les 4-5 derniers, juste devant le coureur balai.
Ce coureur balai a pris sa mission tellement au sérieux qu’il s’est lui-même collé un balai dans le .. sac pour bien montrer sa fonction aujourd’hui.
Bref.. Le départ est donné. Je pars à grandes enjambées me positionner dans le milieu du paquet. Je m’y sens bien à ma place.
Il fait nuit noire, je suis poursuivi par des lumières blanches, et je poursuis moi-même des petites lumières rouges. Lumières rouges qui faisaient, elles aussi, partie du matériel obligatoire. Une première pour moi, je n’avais jamais vu ça. A tel point qu’il a fallu que j’en réclame une aux copains du club. Merci Vincent 😊
Je m’étonne de doubler un gars, dans une côte, qui se met sur le côté pour nous laisser passer et qui semble déjà au bout du rouleau alors qu’on en est à peine à 10km de course. Lol
Les kilomètres, je n’en ai pas encore parlé justement ; 73km et 3000+ au programme aujourd’hui. J’espère courir la distance en moins de 10h.
Le jour s’est levé depuis longtemps. Toujours un moment fort appréciable pour moi car je considère que c’est le must quand tu fais une course, voir les premières lueurs du jour. C’est magique en montagne, mais ce n’est pas mal non plus ici à vrai dire.
Je redescends vers le premier ravitaillement au km 15. Je suis en route depuis 1h35, la barrière horaire était fixée à 2h15 de course. Ben dis, faut pas traîner…
Je repars de là avec une seule idée en tête, appeler Vanessa. Ce que je fais. Tellement concentré sur mon appel que je suis bêtement la route sans ne plus faire gaffe au balisage. Et résultat, bien sûr… Je tire tout droit alors qu’il fallait tourner à gauche. 200m de rabe. OK ce n’est pas non plus un gros détour.
A l’issue d’une belle montée, on surplombe une énorme carrière. Quelques pas plus loin, il faut passer… A travers un grillage. Littéralement à travers, oui. On a l’impression qu’il a été découpé pour la course !
Forcément en redescendant, il faudra de nouveau franchir cette clôture, cette fois en rampant. C’est original tout ça !
Peu de temps avant le ravitaillement du 25e km, je remarque en consultant le tracé après coup, que je suis repassé sur un chemin déjà emprunté sur un bon 500m au 11e km, c’est assez rare de voir ce genre de chose. Mais à vrai dire, je ne me suis rendu compte de rien sur le moment ! On aura le même cas plus loin avant de passer la ligne d’arrivée.
Le ravitaillement du 25e justement parlons-en. J’arrive là, tout guilleret, et un gars me dit (en Espagnol d’abord dont je ne parle pas un traitre mot, puis en Anglais) que je ne peux pas courir avec mes bâtons sans protections au bout. Euh what ? I don’t have it, que je lui réponds de mon plus bel accent… il fait une moue pas possible et moi, j’enfile vite un quartier d’orange, je lève précipitamment le camp avant qu’il ne m’invente je ne sais quoi encore.. Quel coup de stress. J’avais déjà vu dans le réglement qu’ils ne rigolaient pas du tout avec le matériel obligatoire, constaté au départ qu’effectivement, il fallait tout leur montrer et voilà que maintenant on me fait des misères avec les protections de mes bâtons !…
Avec mes 2 t-shirts depuis le départ, je commence sérieusement à surchauffer ; La délivrance arrivera au km 34.2. Nous avons alors bouclé la première partie du parcours, une boucle facile à l’est de la ville de départ (Sant Josep de sa Talaia). Cette boucle cumulera 1300m de D+ et aura été effectuée en 3h53. Peut-être un peu rapide mais j’ai de bonnes sensations depuis le départ même si la digestion du petit-déjeuner pris à 4h30 aura été un peu laborieuse les premiers kms.
Lorsque je repars pour la seconde boucle vers l’ouest après m’être longuement arrêté et ravitaillé, je me rends vite compte qu’il y a du balisage à contre-sens, nous repasserons donc par là. Plus loin, et alors que nous dominons la ville, c’est à quelques encablures du sentier sur lequel je suis, que j’aperçois encore du balisage. C’est assez troublant, il faut vraiment être attentif, d’autant que je suis constamment seul.
40km 1700+ 5h.
C’est carrément un sacré bon rythme pour moi, mais gare à la suite..
La suite, c’est une grosse montée, une grosse descente pour atteindre le km 50. Entre les deux, il y aura une vue à couper le souffle sur la Méditerranée avec une sublime crête à parcourir. Encore une fois, tout se passe à merveille.
Arrivé en bas, il faut alors emprunter beaucoup de bitume (coucou à ces 2 Belges qui sont alignées sur le marathon) mais le jeu en vaudra la chandelle… Nous atteignons l’extrême sud de l’île après avoir parcouru un single magistral au bord de l’eau. WA-OUH ! Magnifique.. J’en profite là encore pour faire une vidéo qui immortalisera ce moment.
Nous sommes sur la plage, je prends 2-3 clichés.
L’Espagnol que je viens de doubler me rejoint, et me dit un truc incompréhensible. Je m’imagine une seule chose « c’est ici que la course commence ». Je pense à ça car à la consultation du parcours (sur mon GSM et pas sur le dossard comme on fait beaucoup maintenant, ce qui est rudement pratique !), je m’aperçois qu’il reste 2 énormes côtes pour boucler la boucle ! Et la première des deux, c’est là, devant moi.
En fait, mais je m’en rendrai compte plus loin, c’est le soleil au zénith qui va poser problème. Le soleil tape sévère ! Nous sommes sur l’heure du midi, et il fait chaud. Je regrette de ne pas avoir songé à mettre dans ma valise de la crème solaire. Mais comment penser à ça quand on sait qu’il fait un temps de chien depuis 2 mois chez nous !?
Dans la montée, je double une joelette.. Ce sont des Français apparemment. Bravo à eux, franchement. C’est beau à voir cet élan de générosité pour UNE seule personne. Ils m’encouragent, je fais de même.
J’ai l’impression d’être en haut.. Que nenni… ! C’est un truc encore pire qui se dresse devant moi. Ouch, là c’est difficile, vraiment, je peine dans cette montée, et j’ai très, trop chaud.
Finalement, c’est la descente vers la Cala d’Hort que nous avions découverte hier en nous baladant. 63e km, ravitaillement qui fait sacrément du bien. Ouf !
Je veux m’asseoir, je ne trouve rien d’autre que le sol poussiéreux ici. Et puis, je trouve un carton. Remake d’une sombre histoire de concert Coldplay à Bruxelles.. ?! Pour ceux qui ont l’anecdote…
Je pose mes fesses là, je souffle un peu, je mange, je bois surtout car le solide commence à me rebuter. Et je fais recharger complètement mon camelbag. La suite s’annonce difficile mais moins que la partie précédente étant donné que c’est une longue montée de 6km.
On passe devant tous les baraquements de la plage avant de rattraper une large piste qui monte certes, mais qui monte facilement.
Je me pose en cours de route, je m’assois sur un rocher pour récupérer, je suis « dans le dur ».
Enfin le haut de la montée après ces 6kms.. Ah ben non, ça remonte tiens. Aurais-je eu la berlue ? Je dégaine de nouveau la topographie sur mon GSM et constate qu’effectivement, après ce léger répit, on renquille 2 kms de montée. Youpi !
Nous arrivons au pied des antennes relais avec 2-3 autres concurrents, on est donc en haut, il ne reste plus qu’à tout redescendre vers Sant Josep.
Retour dans la vallée, retour sur les chemins parcourus en sens inverse plus tôt dans l’après-midi, puis passage de la ligne d’arrivée au bout de 10h09 d’effort. Objectif sub 10h raté de 9’, dommage !
Le premier de la course, rien de moins que Miguel Herras himself, l’un des tous meilleurs traileurs mondiaux il y a une dizaine d’années, en 6h50. C’est impressionnant.
Quant à moi, je suis classé 38ème sur les 115 partants. 105 finishers. Et j’affiche 3200+ à ma montre, après cette très belle journée sur l’île d’Ibiza.
Merci pour ce résumé de course
Encore bravo pour cette belle course qui, en effet, pouvait paraître « facile » mais qui t’a quand-même taquiné. Dommage, oui, pour les 9’……
Que de beaux paysages et, oui, la vidéo, je l’ai vue…..ça fait peur !
Félicitations, fiston, pour ce nouveau palmarès